REVUE DE PRESSE

RUSSIE

LE MONDE SELECTION HEBDOMADAIRE

ANNEE 2018


Donald Trump face à de solides accusations d’interférences russes – 19 février 2018


La justice américaine a mis le Kremlin sur la sellette, vendredi, en inculpant treize Russes, dont un proche de Poutine, pour avoir favorisé la candidature de Trump à la présidentielle de 2016.

Longtemps niée par Donald Trump, la réalité d’une tentative russe de peser sur la présidentielle de novembre 2016 a pris une nouvelle consistance, vendredi 16 février, avec la mise en cause par le ministère de la justice de treize ressortissants et de trois entités russes. Ils sont accusés d’avoir voulu peser sur les débats aux Etats-Unis, principalement par le truchement de réseaux sociaux instrumentalisés à distance par des agents se présentant faussement comme des citoyens américains.

La Maison Blanche a rapidement réagi aux avancées de l’enquête conduite par le procureur spécial Robert Mueller. Mais, plutôt que de dénoncer une ingérence de la Russie, la présidence a préféré mettre en avant des éléments qui innocentent, selon elle, Donald Trump.

Tout d’abord la date du lancement de cette machination, antérieure à la déclaration de candidature du milliardaire. Ensuite, l’absence à ce stade – précisée par l’acte d’accusation – de tout élément de collusion consciente entre l’équipe de campagne du candidat républicain et ces agents russes. Le fait, enfin, que le résultat de l’élection n’a pas été « affecté » par cette campagne. La formulation utilisée, vendredi, par le numéro deux du ministère de la justice, Rod Rosenstein, laisse plutôt entendre que l’acte d’accusation ne s’est pas penché sur des conséquences éventuelles sur le vote du 8 novembre 2016, évidemment délicates à établir.

Le volet de l’enquête exposé vendredi ne vise que l’offensive russe sur les réseaux sociaux. Il ne concerne pas les piratages informatiques ciblant des responsables démocrates pratiqués pendant cette même période et également prêtés à la Russie, ni les contacts noués au même moment par des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump avec des personnalités russes.

Les bonnes nouvelles mises en avant par la Maison Blanche ont également été relativisées par la description extrêmement détaillée d’une opération longtemps qualifiée de « bobard » et de « plus grande chasse aux sorcières de l’histoire des Etats-Unis » par le président Trump.(...)

Après une brève rencontre avec son homologue russe, Vladimir Poutine, en marge d’un sommet régional au Vietnam, en novembre 2017, le président américain avait ainsi déclaré : « Chaque fois qu’il me voit, il me dit : “Je n’ai pas fait ça” et je le crois vraiment quand il me le dit. » Donald Trump avait ensuite réitéré sa confiance dans ses services de renseignement après une vive réaction de la CIA.



L’affaire Magnitski en Russie : des relents de guerre froide – 12 mars 2018


Après la mort en prison de l’avocat russe Sergueï Magnitski, son ex-employeur, Bill Browder, a convaincu Washington d’adopter une loi sanctionnant les Russes accusés de violations des droits de l’homme. Moscou crie à l’ingérence.

Le 20 décembre 2017, lorsque Ramzan Kadyrov a appris qu’il rejoignait la liste des personnalités russes sanctionnées par les États-Unis, l’autoritaire dirigeant de la Tchétchénie a haussé les épaules. « Je n’en dors plus », a-t-il ironisé sur Instagram et Facebook, ses deux outils de communication préférés, sur lesquels il a pris, depuis des années, l’habitude de partager avec ses 4 millions d’abonnés ses poses viriles et ses pensées. Peu lui importait d’être accusé, par le Trésor et le département d’Etat américains, d’exécutions extrajudiciaires, de tortures ou de disparitions forcées. Interdiction d’entrée aux Etats-Unis ? Ses avoirs gelés dans les banques américaines et, par ricochet, dans celles de quasiment tous les pays du monde ?… Kadyrov s’en arrangerait, assurait-il.

Deux jours plus tard, la « vraie » sanction est tombée : les fameux comptes Instagram et Facebook fermaient coup sur coup, les deux sociétés expliquant devoir se plier à la législation américaine. Cette fois, Kadyrov enrage. Le Kremlin dénonce des mesures « illégales et inamicales ». Cette punition, le dirigeant tchétchène ne la doit pas – contrairement à la plupart des autres Russes sous sanctions américaines – à son rôle dans le conflit ukrainien, mais à une loi américaine de 2012, le « Magnitsky Act », qui permet d’imposer des mesures restrictives à toute personnalité russe accusée par les Etats-Unis de violations des droits de l’homme en Russie.

En janvier 2017, Alexandre Bastrykine, le puissant chef du Comité d’enquête de la Fédération de Russie (un organe qui a pouvoir d’investigation et d’inculpation, placé sous l’autorité du président), Andreï Lougovoï ou encore Dmitri Kovtoun, jugés responsables de la mort, le 23 octobre 2006, au Royaume-Uni, de l’ancien agent russe Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium 210, une substance radioactive, étaient déjà tombés sous le coup de cette loi. Ces sanctions à répétition sont liées à une affaire qui n’en finit pas de parasiter les relations entre Washington et Moscou : il s'agit de l'affaire Sergueï Magnitski, du nom d'un juriste russe mort dans une prison russe en 2009



Élections en Russie : Vladimir Poutine obtient son plébiscite – 20 mars 2018


Avec 56 millions de voix, le président russe a été réélu dimanche pour un quatrième mandat. Une pression importante a été exercée sur les électeurs.

La victoire est large. Au pouvoir depuis dix-huit ans, Vladimir Poutine, 65 ans, a été confortablement réélu président de la Russie, dimanche 18 mars, avec 76,66 % des suffrages, selon le dernier comptage établi par la Commission électorale centrale lundi matin. Soit 56,2 millions de voix, contre 45 millions en 2012. Le chef du Kremlin, qui commence ainsi un nouveau mandat de six ans, a devancé de très loin tous les autres candidats. Comme toutes les fois précédentes, il est élu dès le premier tour.

Pavel Groudinine, présenté par le Parti communiste, est arrivé en deuxième position avec 11,8 % des voix, suivi par l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski (5,66 %) puis la candidate libérale Ksenia Sobtchak (1,67 %) et le démocrate Grigori Iavlinski (1,04 %). Les trois derniers n’ont pas dépassé 1 %. M. Poutine améliore ainsi son score de la fois précédente, en 2012, lorsqu’il avait été élu avec 63,3 % des voix. Dimanche, six régions dont la Crimée, la péninsule ukrainienne annexée quatre ans auparavant jour pour jour, lui ont apporté plus de 90 % des voix.

Selon les données préliminaires communiquées par la Commission électorale, le taux de participation a atteint 67,47 %, davantage, là encore, qu’en 2012. Dans les rangs de l’armée, la participation des militaires et de leurs familles a « dépassé 98 % », s’était vanté dès le début de la soirée Nikolaï Pankov, le vice-ministre de la défense, et 6 113 d’entre eux en mission sur terre ou sur mer avaient déjà voté. Dès la fermeture des bureaux de vote, le ministère de l’intérieur a indiqué qu’« aucune violation de nature à affecter le cours des résultats de l’élection du président de la fédération de Russie » n’avait été enregistrée. Mais très vite aussi, l’opposition a dénoncé de multiples irrégularités, tout comme les candidats battus. « Ce sont les élections les plus sales de l’espace post-soviétique », a réagi Pavel Groudinine. « Peut-être les dernières en Russie », a lancé Vladimir Jirinovski. (…)

En Crimée , des médailles ont été remises. Côté face, la date du referendum contesté de 2014, sur lequel le Kremlin s'est appuyé pour ratifier l'annexion, était gravée ; côté pile, « avec la Russie, pour toujours ».



Affaire Skripal : le front uni des Occidentaux face à la Russie – 28 mars 2018


Seize pays de l’UE, mais aussi les Etats-Unis, et au moins six pays alliés, ont annoncé l’expulsion d’au moins 116 diplomates russes de leur territoire.

La riposte est sans précédent, aussi bien par son ampleur que par son caractère coordonné. Au moins 116 diplomates russes sont en passe d’être expulsés des deux côtés de l’Atlantique : soixante par les Etats-Unis, qui ferment en outre le consulat à Seattle, et plus d’une trentaine par seize pays de l’Union européenne, rejoints par six autres pays alliés, dont le Canada et l’Australie.

Cette riposte est à l’aune du défi représenté par la tentative d’assassinat, le 4 mars à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre, d’un agent double russe ayant travaillé pour le GRU (le renseignement militaire russe), Sergueï Skripal, 66 ans, et de sa fille Youlia, 33 ans. Un redoutable gaz neurotoxique de la quatrième génération mis au point par l’URSS dans les années 1980, le Novitchok (« petit nouveau » en russe), aurait été utilisé à cette occasion.

« C’est un avertissement pour la Russie qui ne peut continuer ainsi à bafouer le droit international », s’est réjouie la première ministre britannique, Theresa May, satisfaite de « la grande solidarité » montrée par l’UE et l’OTAN. « Nous disons au gouvernement russe que lorsque vous attaquerez un ami, vous aurez à en subir les conséquences », a fait valoir un haut responsable de l’administration américaine.

« Les Etats-Unis sont prêts à coopérer pour bâtir une meilleure relation avec la Russie, mais cela ne peut se produire que si le gouvernement russe change d’attitude », a commenté le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Raj Shah. Moscou, qui nie toute implication dans la tentative d’assassinat, dénonce un « geste provocateur témoignant de la poursuite d’une ligne de confrontation » et promet des représailles.



Russie : une armée affûtée au fil des guerres – 7 mai 2018


L’annexion de la Crimée et, surtout, l’intervention militaire en Syrie ont été des révélateurs de la modernisation de l’armée russe. Son nouvel arsenal sera exhibé lors de la grande parade traditionnelle du 9 mai, sur la place Rouge, à Moscou.

Officiellement, la Russie n’est en guerre contre personne – les débris récoltés sur le territoire syrien ne doivent d’ailleurs rien à son intervention directe –, mais elle a des ennemis partout. Cette conviction, entretenue par le Kremlin, a justifié la reconstruction de l’armée russe sur les ruines de son aînée soviétique depuis le milieu des années 2000. Lancé par Anatoli Serdioukov, premier civil nommé ministre de la défense (2007-2012), qui a notamment ramené le service militaire à un an au lieu de deux, le mouvement est devenu spectaculaire avec son successeur, Sergueï Choïgou, fidèle exécutant de Vladimir Poutine.

Calibrée pour des guerres conventionnelles, l'armée russe est passée en peu de temps dans l'ère des guerres hybrides (…) Deux conflits majeurs ont accéléré la mutation : l'annexion de la Crtimée en 2014, suivie des combats dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine, entre séparatistes pro-russes et Kiev ; et, surtout, l'intervention en Syrie lancée en 2015. avec en toile de fond, dan les deux cas, une confrontation militaire et politique par alliés interposés, avec l'Occident.(...)

Par un décret de Vladimir Poutine entré en vigueur le 1er janvier 2018, les effectifs de l'armée ont été porté à 1,9 MM dont 1 MM en uniforme, ce qui, sur le papier, fait d'elle la deuxième au monde, après la Chine, bien loin cependant des 2,9 MM de militaires que comptait le seul territoire de la Russie au moment de la chute de l'URSS. Depuis lors comme l'a rappelé récemment le chef du Kremlin, près de 45% de ses capacités militaires avaient été perdus en raison de la division des forces entre anciennes républiques soviétiques. Beaucoup a été regagné.



Réplique occidentale à la cyberguerre russe – 6 octobre 2018


Le Royaume-Uni et les Pays-Bas, l’OTAN, les Etats-Unis, puis le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande au moyen de communiqués séparés, suivis de l’Union européenne : de façon concertée, jeudi 4 octobre, les Occidentaux ont désigné la Russie comme la responsable de cyberattaques de grande envergure déstabilisantes pour l’ordre international.

L’heure est à la riposte politique. Sont dénoncées les campagnes de désinformation de nature à « saper les démocraties occidentales », selon les termes d’Ank Bijleveld, la ministre néerlandaise de la défense, les tentatives de pénétrer l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), plusieurs instances antidopage, ou même la compagnie américaine Westinghouse, qui fournit du combustible nucléaire aux centrales d’Ukraine. Associé à plusieurs groupes de pirates informatiques, le service de renseignement militaire russe, le GRU, est au centre des dossiers instruits par les alliés.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a évoqué, à l’issue d’une réunion des ministres de la défense des 29 alliés, des « tentatives flagrantes de saboter les institutions internationales ». Présent à Bruxelles, James Mattis, le secrétaire à la défense américain, a souligné « l’attitude irresponsable » de Moscou qu’il a sommé de « rendre des comptes ». Les présidents du Conseil européen et de la Commission, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, ont dénoncé, avec la haute représentante Federica Mogherini, « un acte d’agression qui démontre le mépris » de Moscou envers l’OIAC.



Ukraine : emprise russe sur la mer d'Azov – 15 octobre 2018


Depuis l’annexion de la Crimée, en 2014, Moscou multiplie les mesures d’intimidation dans cette zone clé pour Kiev et transforme peu à peu la mer d’Azov en lac intérieur russe.

Il y a encore 5 ans, jusqu'à 18 navires étaient amarrés simultanément sur les quais de Marioupol, au nord de la mer d'Azov (…) 90% des exportations du Donbass, une des régions les plus dynamiques de l'Ukraine, transitaient par ce port.(...) Puis la guerre a éclaté. A l'été 2014, le Donbass coupé en deux voit ses mines passer sous contrôle des séparatistes pro-russes. (…) Depuis, les combats n'ont pas cessé. En 2017, le pont de Kertch, le plus long d'Europe (19 km) reliant la Russie à la Crimée et dont la construction avait été annoncée depuis l'annexion de la péninsule en mars 2014, commence à prendre forme. Il a été inauguré en mai. Ses arches interdisent le passage aux bateaux de plus de 33 m de haut.(...)

Un nouveau danger venu de la mer est apparu au printemps 2018 et qui n'a pas l'air de vouloir s'éloigner. Il s'agit des inspections intempestives menées par les garde côtes russes sur les bateaux ukrainiens, ou ceux des compagnies étrangères en route vers les ports ukrainiens. Des inspections qui s'éternisent, sans explication. cela ressemble à la dernière étape du discret grignotage de la mer d'Azov par la Russie, une offensive qui pourrait achever de mettre à genoux le port de Marioupol et, avec lui, toute cette région sud est de l'Ukraine, coincée entre la Crimée annexée et les zones séparatistes de la « République populaire de Donetsk »


Russie : le GRU, bureau sans légendes – 20 novembre

Rien ne transparaît derrière la façade anonyme de l’unité militaire 45-807, le siège moscovite de la direction du renseignement militaire russe, plus connue sous son vieil acronyme soviétique, le GRU. Mais à l’intérieur, l’heure est plutôt au branle-bas de combat depuis que les noms de plusieurs dizaines de ses agents clandestins ont été révélés, et leurs visages parfois exposés sur la place publique.

En l’espace de quelques semaines, 305 agents sont ainsi sortis malgré eux de l’anonymat, auxquels il faut ajouter douze agents inculpés aux Etats-Unis, quatre autres expulsés des Pays-Bas, et deux, enfin, recherchés par le Royaume-Uni. Du jamais-vu.

« Seulement 305 agents ont été révélés, mais aujourd’hui plus d’un millier sont paralysés », précise Roman Dobrokhotov, rédacteur en chef du site d’investigation russe The Insider. Ce dernier, en association avec Bellingcat, un site britannique, est à l’origine d’une bonne partie des fuites.

Leur travail en commun a notamment abouti, mi-octobre, à la divulgation, photos et témoignages à l’appui, de l’identité des deux agents du GRU, Anatoli Tchepiga, alias « Rouslan Bachirov », et Alexandre Michkine, alias « Alexandre Petrov », suspectés d’avoir tenté d’empoisonner un ancien de la maison devenu un agent double, Sergueï Skripal, et sa fille, Youlia, en mars, à Salisbury, en Angleterre. Cette affaire a déjà conduit à la plus vaste expulsion coordonnée de diplomates russes d’Occident


Kiev décrète la loi martiale pour un mois – 27 novembre 2018

Même aux pires heures du conflit dans le Donbass, en 2014-2015, lorsque l’armée russe intervenait sur le territoire de son voisin, l’Ukraine n’avait pas franchi ce pas. C’est désormais chose faite, au lendemain des graves incidents qui ont mis aux prises les deux marines en mer Noire : lundi 26 novembre, le Parlement ukrainien a dit oui à la proposition du président Petro Porochenko de placer le pays sous le régime de la loi martiale.

Le texte introduisant cette mesure d’exception a été adopté par 276 députés contre 30 au terme de débats houleux. Il s’agit d’une version « allégée » par rapport à celle proposée dès dimanche soir par le Conseil de sécurité nationale. Mardi matin, le Kremlin a fait savoir que Vladimir Poutine avait demandé à Angela Merkel de dissuader Kiev de tout acte « irréfléchi ».(...)

« La Russie est passée à l’étape suivante de son agression et nous avons de sérieuses raisons de penser qu’elle est prête à poursuivre une attaque terrestre », a mis en garde le président avant le vote, dans une adresse à la nation d’autant plus solennelle que l’Ukraine n’a pas les moyens, sur le terrain, de provoquer une escalade avec la Russie. « La loi martiale ne signifie pas une déclaration de guerre (…) ni un retrait du processus diplomatique » des accords de paix de Minsk, a encore précisé M. Porochenko.

Cette mesure d’exception, envisagée à plusieurs reprises depuis 2014, mais jamais adoptée, répond au caractère inédit des affrontements qui se sont produits dimanche, lorsque trois navires militaires ukrainiens ont été stoppés par la marine russe aux abords du pont de Kertch, qui relie la Crimée, annexée par Moscou, et le territoire russe. L’un d’eux a d’abord été tamponné ; les deux autres ont essuyé des tirs avant d’être abordés par des commandos du FSB, les services russes de sécurité. Six marins ukrainiens ont été blessés dans les incidents et vingt-quatre ont été capturés.

Moscou a, certes, dénoncé une « provocation » ukrainienne, mais a surtout reconnu l’usage de la force, alors que toutes ses actions sur le sol ukrainien, depuis l’annexion de la Crimée jusqu’à sa participation au conflit dans le Donbass, s’étaient jusque-là faites en secret, le Kremlin démentant toute implication. Selon la partie russe, les navires ukrainiens ont violé les « eaux territoriales » de la Crimée et ont outrepassé l’interdiction imposée ce jour-là de franchir le détroit de Kertch.




La Centrafrique sur l'échiquier russe – 17 décembre 2018


Depuis le désengagement militaire de la France, occupée au Sahel par l’opération « Barkhane », des instructeurs russes ont débarqué en Centrafrique où ils multiplient des relations commerciales avec des seigneurs de guerre et polluent le processus de paix amorcé par l’ONU.

Le coup est venu de Moscou. Paris, accaparé par des dossiers internationaux plus brûlants, ne l’a pas vu venir. Que pèse, en effet, la République centrafricaine (RCA) sur l’échiquier géopolitique d’un monde en mutation, déchiré par des guerres menées sur des champs de bataille économiques autant que militaires ? Sur le continent noir en pleine explosion démographique, la RCA (moins de 5 millions d’habitants) fait figure de poids plume. C’est un nain économique exsangue qui ne parvient pas à faire rimer ses richesses (minérales) potentielles avec autre chose que des promesses non tenues. La Russie s’est engouffrée dans la faille. Brusquement et bruyamment ont ainsi débarqué au début de l’année, à Bangui, des militaires, des sociétés de sécurité, des investisseurs, des diplomates russes… Un concentré de la méthode – brouillonne et sans moyens comparables à la force de frappe chinoise – utilisée à l’échelle de l’Afrique par Moscou, qui ambitionne de réinvestir un continent qu’elle a délaissé depuis l’effondrement de l’Union soviétique.(...)

Pour Moscou, la Centrafrique est n pion dont il peut s'emparer au milieu du continent, et à bon marché qio plus est, pour progresser sur la voie encore incertaine de sa « nouvelle politique africaine ». La Russie a d'abord avancé à terrain découvert en décembre 2018. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, France comprise, accordait ) Moscou un droit d'exemption à l'embargo sur la livraison d'armes auquel la Centrafrique est soumise depuis 2013 (…) Entre le 26 janvier et le 7 février 2018, des avions de l'armée russe effectuent 9 livraisons sur l'aéroport de Bangui (…) Parallèlement, l'ONU autorisait le déploiement de 175 formateurs russes pour 1 an afon d'entraîner 1300 hommes. 90 dis autres doivent encore arriver.(...)